Pendant les longs mois de confinement et la mise au point mort du tourisme, la nature a repris du souffle. Si le tourisme est un des premiers secteurs créateurs d’emplois dans de nombreux pays, des plus riches aux plus pauvres, son coût environnemental est colossal. Comment concilier voyage et pollution ? Quelles sont les solutions pour voyager avec un impact moindre sur l’environnement ? Comment voyager de façon plus responsable ?
Les chiffres clé du tourisme aérien
Le tourisme
1,5 millard de touristes internationaux ont parcouru le monde en 2019, un nombre qui a plus que doublé en 15 ans. La France est la première destination touristique au monde et reçoit chaque année plus de 90 millions de touristes. Le secteur du tourisme produit environ 3 millions d’emplois.
En raison de la surconsommation des ressources naturelles et de la création toujours plus importante de déchets, ce tourisme, intensif, a un impact négatif sur l’environnement. Avant la crise sanitaire, 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre étaient générées par l’activité touristique ; il est, aujourd’hui, de 5%.
Les transports
3/4 des émissions de gaz à effet de serre du secteur touristique sont liées au transport. Le transport aérien est bien sûr le moyen le plus polluant et représente 40 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre provoquées par les transports touristiques.
Comprendre la compensation carbone
Le principe de compensation carbone
Le principe de compensation carbone repose sur l’idée qu’une tonne de CO2 émise peut être annulée par une tonne de CO2 absorbé.
Cette compensation n’est jamais immédiate et concrète pour la personne qui souhaite compenser. Ce sont des entreprises qui font l’intermédiaire entre le consommateur et la compensation effective. Le client va débourser une certaine somme calculée en fonction de son émission en CO2.
2 écueils à ce principe :
• le prix d’une tonne de CO2 est impossible à fixer,
• cette compensation repose sur le principe illusoire qu’un projet « retire » du CO2 en le capturant ou le séquestrant et permet à d’autres d’en émettre.
Les entreprises qui achètent des crédits carbone, investissent en réalité dans des « droits à polluer ».
Replanter des arbres ou limiter contre la déforestation ?
La méthode de compensation la plus connue et répandue est la reforestation. Par le processus de photosynthèse, les arbres captent le CO2 et rejettent de l’oxygène. En plantant un arbre aujourd’hui, le pari est fait qu’il capturera du carbone toute sa vie, mais rien n’affirme que cet arbre arrivera à maturation et vivra longtemps.
La méthode est simple à comprendre. Cependant, des questions restent : Quelles espèces planter ? Où planter ?
Les espèces d’arbres qui poussent vite et donc capturent donc vite du carbone (pin Douglas) sont aussi celles qui meurent les plus jeunes et à leur mort, relâchent le CO2 capturé. Si les espèces plantées ne correspondent pas à l’écosystème en place, cela peut même s’avérer contre-productif. Les conditions environnementales actuelles des forêts sont de plus en plus désastreuses et on ne peut présager de la durée de vie des arbres plantés.
Certains programmes de reforestation ont conduit à des accaparements de terres massifs, privant les populations locales de leur territoire et de leurs ressources : les habitants n’avaient plus accès aux terres qu’ils cultivaient. (Madagascar)
En poussant le raisonnement plus loin, il faudrait, pour compenser nos émissions de CO2 en excès, boiser quasiment l’intégralité des terres aujourd’hui cultivées dans le monde.
En conclusion, la plantation d’arbres est de moins en moins retenue puisque la séquestration de carbone par les arbres n’est que temporaire : le CO2 est restitué à l’atmosphère lorsque l’arbre se décompose ou est brûlé. La quantité de CO2 séquestrée dépend du type d’arbre, du sol et les réductions d’émissions sont souvent plus difficiles à évaluer par rapport à une situation ou le projet n’aurait pas eu lieu.
Concernant la déforestation, 90 % des crédits carbone alloués à ces projets gagnent des crédits sans vraiment agir. Leurs chiffres se basent sur des scénarios catastrophes de déforestation probable pour exagérer leurs actions et obtenir plus de crédits.
D’autres méthodes à explorer
• Investissement dans le solaire et l’éolien
• Investissement dans les recherches sur le biocarburant
Eviter, réduire, compenser
Ce principe de compensation carbone présente un effet pervers. En faisant croire de son efficacité et en donnant bonne conscience, elle n’incite pas les consommateurs, individuels ou entreprises, à la sobriété ou à un changement de pratique.
Le mécanisme de compensation doit s’inscrire dans une séquence « Éviter, Réduire, Compenser ».
Comment réduire l’empreinte carbone de ses voyages ?
Voyager, oui, mais moins souvent et plus longtemps
La société évolue. Un tiers des voyageurs privilégient maintenant une destination nature et proche, un vol direct, des séjours, s’ils sont lointains, plus longs. Suivez le mouvement …
Un vol aller-retour entre Paris et Pointe-à-Pitre, soit 13 000 kilomètres de distance à parcourir, représenterait la consommation annuelle du chauffage d’un petit appartement.
Calculez l’empreinte de votre vol.
Privilégier la proximité et l’immersion une fois sur place
Délaisser la course à tout voir, tout visiter, pour mieux savourer l’instant présent et l’immersion dans la vie locale et de proximité : déjeuner chez l’habitant, aider une association environnementale qui se charge de nettoyer une plage…
Favoriser les activités non polluantes
Au delà du transport, les activités de vos séjours touristiques peuvent avoir des effets négatifs sur l’environnement. Evitez ainsi les activités polluantes ou dangereuses pour la biodiversité : visites en hélicoptère, jet-ski, quad …
Adoptez des habitudes éco-responsables comme chez vous
• Limitez les consommations d’eau (pas de douche à outrance) et d’électricité (chauffage ou climatisation).
• Evitez les produits d’importation et consommez local.
• Renseignez-vous sur le système de tri de votre pays d’accueil et recyclez vos déchets.
A votre retour
• Partagez vos retours d’expérience et faites profiter vos amis de vos « bons plans éco-responsables ».
• Faites le tri dans vos mails et désabonnez vous des newsletters que vos ne lisez pas.
• Vérifiez que votre banque ne subventionne des projets favorisant l’expansion des énergies fossiles (telles BNP, CA, SG). Si c’est le cas, changez de banque !
A découvrir aussi …
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