Trinidad

Destination Samana
Tour de l’Atlantique

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Semaine 29 : Baignoire antillaise

80 milles séparent Grenade de Trinidad. Nous naviguerons de nuit pour rejoindre Chaguaramas, le port d’entrée, point de rendez-vous de nombreux bateaux du voyage rencontrés. Nous assisterons la semaine prochaine au fabuleux Carnaval de Trinidad, le plus réputé des Antilles.

Depuis la transat, nous avons uniquement navigué de jour et progressé par saut de puce. Les conditions de navigation aux Antilles sont certes plaisantes, température clémente et vent établi mais pas toujours faciles et parfois fatigantes. Pour monter ou descendre dans l’arc antillais, le vent est généralement debout. Sous les îles, le vent est absent et le moteur est de rigueur. Entre les îles, dans les canaux, le vent est fort, de 20 à 35 nœuds. Il est préférable de se tenir prêt à réduire lors des surventes. La mer est agitée. Il faut barrer à la vague sous risque de se faire copieusement arrosé.

Entre la Martinique et Sainte Lucie, dans le canal de Sainte Lucie, une vague plus forte ou plus vicieuse que les autres nous surprend. Elle tape sur le côté bâbord de la coque et vient remplir pour la première fois du voyage le cockpit. Il se transforme rapidement en baignoire et met un temps certain à se vider par les 2 évacuations prévues. Samana largement alourdi sur l’arrière, par près de 2 m3 d’eau, est ralenti dans sa progression. Impressionnante, cette mini-déferlante ! Nous n’osons imaginer les vraies qui déboulent de l’arrière par jour de grande tempête. Brrr …

Semaine 30 : Carnival

Dans le mouillage comble de Chagaramas, plus de 150 bateaux, en attente du Carnaval, évitent difficilement. Les copains, 13 bateaux au total, sont déjà là ou sur le point d’arriver. A l’apéro de retrouvailles sur Citron Vert, la soirée du lendemain s’organise : rendez-vous à 18 h pour attraper un taxico et direction Port of Spain, la capitale de Trinidad située à une trentaine de km de là.

Le cœur de la fête se situe au parc de Savannah. Aujourd’hui, nous assistons à l’élection du roi et de la reine du carnaval. 24 prétendants et prétendantes défilent sous nos yeux sur un rythme endiablé de musique de carnaval. Leurs costumes souvent géants, 3 à 4 m de haut, font preuve d’imagination et de fantaisie.

Le samedi, nous décidons de nous rapprocher de la fête et de mouiller dans Port of Spain même. Nous voici maintenant à 5 mn, débarquement en annexe compris, d’une artère importante où se produisent des défilés. Nous profitons de la musique en stéréo sans quitter le bateau et des vendeurs ambulants tout prêt.

Dimanche gras, nous assistons à Panorama, l’élection du meilleur groupe de steel-band. Chacun des 16 orchestres finalistes, formé d’environ 200 musiciens, se produit pendant 15 minutes. Ce long spectacle, il dure près de 8 h, est très prisé par les autochtones. Ils y assistent munis de glacières et thermos contenant boissons et repas pour tenir jusqu’aux petites heures du matin.

Les lundi et mardi précédant le mercredi des Cendres sont fériés. Ce carnaval, le meilleur des Caraïbes est une institution, une fête démocratique où chacun participe. Personne ne reste derrière une barrière. L’ambiance est cool et les quelques touristes, essentiellement des plaisanciers, s’intègrent facilement.

Lundi à 2 h du mat, débute « J’ouvert« , du français Jour ouvert, le jour où les esclaves étaient libérés de leurs chaînes. Les danseurs se dévissent lascivement les hanches sur les rythmes irrésistibles de calypso et de steel-band.

On comprend vite pourquoi le carnaval de Port of Spain, l’un des plus exubérants et des plus sensuels au monde, est baptisé « Boom Boom time » (boom boom signifie familièrement postérieur).

Le mardi, la fête commence tôt à Savannah. Mardi Gras offre une véritable débauche de rythmes autour de mille et une parades. Ce jour est le plus fou du carnaval. Tout le monde défile et se pavane au sein de groupes dont les costumes sont aussi sexys que surprenants. Certaines personnes s’enduisent le corps de boue, d’huile, de graisse ou de peinture de couleurs. Attention aux contacts rapprochés !

A minuit pile, tout s’arrête comme par magie, musiques et danses endiablées stoppent et la foule épuisée se disperse rapidement. Le carnaval est officiellement terminé mais pendant plusieurs jours encore, ses airs de fête continueront à tambouriner dans nos têtes.

Semaine 36 : Satanées jelly-fish

A l’arrivée à Chagaramas, des milliers de méduses flottent près de la surface entourant le bateau. C’est la première fois que nous en voyons tant. D’une taille relativement petite, d’une couleur pâle et dorée, d’une forme assez rigolotte car toute ronde, nous les surnommons « les balles de tennis ». Elles ne sont peut être pas très urticantes mais personne ne se mettra à l’eau et prendra le risque de se faire piquer. A défaut de baignade, les enfants expérimentent un nouveau jeu : la pêche à la méduse. Et puis commence une épidémie de pannes sur les moteurs d’annexe des voyageurs, les méduses bouchent la prise d’eau de mer, la turbine chauffe et part en miette. Si les enfants jouent, les adultes réparent ; 3 de nos copains se sont vus jouer le tour sans compter Pacome où une méduse a été carrément aspirée dans le circuit de refroidissement du moteur principal.

Ces animaux visqueux, composés à 98 % d’eau, extrêmement mobiles, nagent par contraction et ondulation de leur corps en ombrelle. Leurs tentacules pratiquement invisibles sont armés de centaines de cellules urticantes. Lorsque quelque chose frôle le capteur à l’extérieur de la cellule, celle-ci envoie un minuscule harpon vers sa cible et injecte son venin. Parfois, la piqûre est indolore, mais d’autres fois elle est extrêmement douloureuse mais loin d’être aussi venimeuse que celle de la physalie que nous apercevons de temps à autre en navigation. Cette très belle créature transparente rehaussée d’une crête gélatineuse rose et violette ressemble à une méduse mais est en fait une colonie flottante. Elle se compose d’un flotteur rempli de gaz sous lequel pendent des centaines de petits animaux au rôle bien établi. Ses tentacules télescopiques mesurent de 15 cm à 50 m.



Nous avons ensuite côtoyé les méduses le long de la côte vénézuélienne et parfois dans les îles. Souvent en forme de pastille de 5 cm de diamètre, elles ne gênent en rien la baignade. Sur l’île de Caracas del Este, près de Puerto La Cruz, Hubert a touché une méduse sans même la voir et s’est fait piquer. Après une compulsion infructueuse des guides médicaux du bord, nous avons rincé les piqûres à l’eau douce plutôt qu’à l’eau de mer. Malgré l’erreur, les brûlures s’atténuaient le soir même et quelques jours plus tard, elles avaient disparu. Une chance, parfois, les brûlures mettent plus d’un mois à guérir.

J199 (19/02/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J200 (20/02/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J201 (21/02/98) – 10°38’N – 61°30’W – Port of Spain – Trinidad
J202 (22/02/98) – 10°38’N – 61°30’W – Port of Spain – Trinidad
J203 (23/02/98) – 10°38’N – 61°30’W – Port of Spain – Trinidad
J204 (24/02/98) – 10°38’N – 61°30’W – Port of Spain – Trinidad
J205 (25/02/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J206 (26/02/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J207 (27/02/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J208 (28/02/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J209 (01/03/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad
J210 (02/03/98) – 10°40’N – 61°38’W – Chagaramas – Trinidad

Chagaramas (10°40′ N – 61°38′ W)

Mouillage. Chantiers et accastillage. Quelques commerces. Très pratique pour les travaux.

Port of Spain (10°38′ N – 61°30′ W)

Mouillage. Pas d’infrastructure. Idéal pour être aux premières loges pour le Carnaval. L’insécurité n’est pas telle qu’on peut l’imaginer. Un très bon plan.

A Chaguaramas

Régis sur Jeff, un 11 m en bois moulé, pour un tour de L’Atlantique avant de repartir pour un Tour du Monde. 

Jacques, chercheur à la retraite sur un Bi-Loup 35, Likapati. 

Yvette et Michèle de Redon, un couple de retraités qui navigue 6 mois par an aux Antilles sur Nunca Mas, un Fruit de Mer en acier de 11 m. 

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