Journal – Route – Escales
Home – Destination précédente – Destination suivante
Journal
Semaine 31 : La belle arnaque
A Trinidad, la veille du Carnaval, nous rencontrons Yvette et Michel, un couple de retraités dynamiques qui navigue 6 mois par an aux Antilles. 5 ans après un premier trip sur l’Orénoque, ils souhaitent y retourner et sont à la recherche d’un bateau pouvant les accompagner. Aussitôt proposé, aussitôt accepté. L’équipage est enthousiaste. Voilà bien, une des caractéristiques du voyage, saisir les opportunités et modifier le programme initial au hasard des rencontres et des informations glanées.
4 bateaux quittent Trinidad quelques jours plus tard, traversent les bouches du Dragon et atteignent bientôt le port frontière de la Güiria, un gros village aux rues droites. Là, s’impose l’obligation de faire effectuer les formalités d’entrée au Venezuela par un agent de douane. Pendant cette démarche, nous ne pouvons pas mettre pied à terre mais nous outrepassons l’interdiction pour nous rendre à la banque. La monnaie locale porte le nom du célèbre libérateur, Bolivar. Le taux de change est à 1,20 F les 100 bolo. Ici, les pièces n’ont pas cours, seuls circulent des billets de 5, 10, 20, 50, 100, 500, 1000, 2000 et 5000 bolo. Nous ressortons avec une liasse impressionnante de billets de 1000.
Les formalités s’éternisent ; elles dureront une journée au terme de laquelle nous recevons une facture salée de 135 $ (le tarif normal est de l’ordre de 60 $) que nous tentons de négocier pendant 2 h sans succès. L’agent serait-il un escroc ? Sans aucun doute. Nous apprendrons plus tard que nos nombreux papiers ne sont pas valables. Il manque entre autre les timbres fiscaux correspondant au droit de navigation. Toujours est-il que nous avons navigué et nous sommes fait contrôler par les institutions portuaires ou militaires sans jamais aucun problème. Allez savoir où se situe la légalité !
Courses et formalités effectuées, renseignements de navigation pris auprès de la Guardia Nacional, nous repartons, le lendemain, de bonne heure, pour les Bouches du Serpent. Nos tirants d’eau respectifs nous permettent de pénétrer dans le delta directement par le Nord sans prolonger inutilement notre route jusqu’à Boca Grande à l’Est. En début d’après-midi, nous entrons dans le chenal qui mène à Capure et déjà nous apercevons les premières plates formes pétrolières. Ici, la recherche de l’or noir bat son plein et le village vit au rythme des forages.
Mais au fait, qu’allions nous faire sur ce fleuve ? Observer les boutus, dauphins d’eau douce de l’Amazone ou nous faire mordiller les doigts de pieds par les piranhas et les crocodiles. Nous vous laissons le choix de la réponse !
Semaine 32 : Kakukete Waraos
L’Orénoque, 3ème fleuve sud américain par sa taille, coule entièrement au Venezuela. Puissant, alimenté par 194 grands affluents et plus de 2000 rivières, il ne possède pas moins de 37 embouchures et forme à son extrémité un gigantesque delta. Devenu en 1991 le 21ème état du Venezuela, ce delta appelé delta Amacuro s’étale sur 370 km de côtes et plus de 40 000 km2. Sa jungle et ses mangroves striées d’innombrables estuaires et canaux sont le domaine de 15 000 indiens Waraos.
Nous remontons au moteur le rio Pedernales, large et profond. 4 h de navigation facile seront suffisantes pour parcourir les 20 milles qui séparent Capure du village warao de Waranoko. A peine arrivés, Yvette et Michel rendent visite à la famille COOPER qu’ils ont connue 5 ans plus tôt. Depuis, aucun voilier n’a pointé son étrave au village.
Les retrouvailles sont touchantes. Nicolas (42 ans) et Carmen (32 ans), les parents, Dannys, le fils aîné (21 ans) et Colomoto, sa femme (21 ans), Marysa (20 ans), Cristina (16 ans), Mahori (13 ans), Daysi (11 ans), Leo (8 ans), Merli (5 ans) et Jonathan (3 ans) nous accueillent en amis. Ils seront à nos petits soins toute la semaine et nous feront découvrir leur magnifique région.
Dès le lendemain de notre arrivée, nous recevons des galettes de pain pour le petit déjeuner et dans l’après-midi, à notre tour, nous préparons des gâteaux.
Suivent les ballades en pirogue très étroite, au raz de l’eau et somme toute assez stable vers des bras reculés au milieu de la mangrove et des palétuviers. Nous atteindrons une palmeraie. Dannys nous montrera comment il procède pour collecter les coeurs de palmier.
La forêt tropicale abrite plus de 450 espèces d’oiseaux et des centaines d’espèces de papillons ; aussi, nous voyons de nombreux oiseaux multicolores, aras, toucans ou ibis écarlates, des morphos, ces beaux papillons bleus et des singes.
Un jour, nous partirons à la chasse aux crabes et le soir même, à celle aux crocodiles, équipés de puissantes lampes. Nicolas attrapera un petit croco. Nous l’observons le lendemain, tout à loisir, avant de le relâcher directement dans le rio, au pied des habitations.
Un autre jour, tout le monde embarque à bord de Samana en direction d’un second village warao. Nous y rencontrons des indiennes très typées, avec leur longue chevelure de jais avec frange, vêtues d’une robe colorée à décolleté carré. Elles confectionnent des paniers et des hamacs, réalisés en fibre de palmier moriche.
Nous communiquons en espagnol et apprenons quelques mots de warao. Nous approchons leur façon de vivre plus que leurs coutumes. La semaine passe vite et l’envie de rester plus longtemps est forte. Au dîner d’adieu chez Nicolas, toute sa famille proche, une quarantaine de personnes est présente sur le palafitte. Le lendemain, au moment de lever l’ancre, chaque bateau reçoit son « regalo » (cadeau en espagnol) rendant le départ plus difficile encore.
Rencontrer des peuples qui vivent en toute simplicité loin de la civilisation est bien le meilleur du voyage. Quelle belle leçon de générosité et d’hospitalité.






























