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Semaine 33 : Info ou intox ?
Le Venezuela est un petit paradis, grand comme 2 fois la France. Avec ses 2800 km de côtes, le littoral vénézuélien est le plus long des caraïbes. La mer est bleu turquoise. Les plages de fin sable blanc sommeillent à l’ombre des palmiers et des cocotiers. L’intérieur du pays ne manque pas d’attrait non plus. A l’Ouest, la neige recouvre les crêtes andines. Les Pico Cristobal Colomb et Bolivar culminent à plus de 5000 m. Au sud, la forêt amazonienne, exubérante et humide est toujours habitée par des tribus indiennes. S’y trouvent aussi la chute la plus haute du monde, le Salto Angel, de plus de 800 m et les nombreux et mystérieux tepuis rendus célèbres par le roman de Conan Doyle, « le monde perdu ».
Seulement voilà, le Venezuela n’est pas forcément un pays très sûr. Il y a des raisons à cela : le niveau de vie est bas, le salaire minimum de l’ordre de 800 F, le salaire moyen de l’ordre de 2500 F et cependant, s’alimenter a un coût équivalent au nôtre. La peur de l’agression ou du cambriolage est omniprésente. Les habitations sont barricadées derrière de solides barreaux. Sur le pas de porte de nombreux magasins, simples boulangeries ou boucheries, se trouve un homme armé en faction. Car là-bas, on n’hésite pas à jouer du colt.
Naviguer provoque l’envie et la jalousie et des bandes organisées rançonnent les plaisanciers. Annexe, moteur, compas ou autre matériel sont convoités. A notre départ, un canadien venait de se faire trucider dans le parc national de Mochima. Aussi, nous avons accueilli avec soulagement la proposition de Francis, un solitaire belge, de nous accompagner. Naviguer à 2 bateaux est tout de même plus sécurisant. Nous avons cependant toujours dormi panneaux fermés et veillé à tout cadenasser à la simple balade. Bien qu’ayant navigué dans le golfe de Cariaco, un repaire de brigands, aux dires des pêcheurs des Testigos et de Cubagua, à aucun moment et nulle part, nous n’avons ressenti d’insécurité.
Alors info ou intox, la question reste ouverte.
Semaine 34 : A l’école de la vie
Des amis nous ont parlé de Karreck Ven et invité à le rencontrer si le hasard des navigations faisait croiser nos routes. Du sommet d’une colline de Laguna Grande, dans le golfe de Cariaco, lieu idéal pour effectuer des entretiens, nous apercevons un vieux gréement dans la passe d’entrée. Ne serait-pas ce thonier à voile de 28 m, construit pendant la dernière guerre à Douarnenez ? De retour à bord, nous levons l’ancre rapidement et arrivons en vue du fameux bateau. Il s’agit effectivement du bateau des expéditions Jules Verne.
A bord, des adolescents et un seul adulte, Léo, qui bientôt nous invite à les rejoindre. Psychothérapeute de formation, cet homme passionné et passionnant, féru d’art et d’histoire, est le fondateur du projet « Ecole en bateau » créé en 1969. Il assure depuis cette date, le suivi et la continuité des expéditions. Il nous présente l’équipage, 9 garçons et 1 fille, de 12 à 18 ans qui vivent à bord depuis quelques mois pour les nouveaux à 6 ans pour le plus ancien.
Il nous fait ensuite visiter le bateau dont l’extérieur conserve un aspect vieille marine. L’intérieur, un seul grand volume est aménagé en espaces de travail équipés de microscope, laboratoire photo, ordinateurs, scanner, appareils de mesure, documents anciens, équipement vidéo, bibliothèque contenant plus d’un millier de volumes techniques. Tout ceci permet de satisfaire au travail d’une mission scientifique ou à la réalisation d’un rapport, une revue, un magazine vidéo ou un film. Le bateau se présente comme un véritable outil d’exploration et laboratoire de recherche.
A bord, il n’y a pas d’école, mais un astucieux mélange de travail manuel et intellectuel et de découverte du monde. L’équipage entretient et restaure le bateau d’une part et fait des recherches ou explorations, d’autre part, tout en accomplissant librement les tâches du quotidien. La réintégration scolaire après 1, 2, 3 et même davantage d’années passées à bord ne pose pas vraiment de problème. Les connaissances emmagasinées, les projets réalisés apportent confiance en soi et désir d’approfondir et préparent à un rôle actif dans la société. Une alternative d’enseignement et d’éducation qui donne beaucoup à réfléchir !