Fin du siècle dernier, la révolution industrielle bat son plein. La Guadeloupe voit la disparition des habitations-sucreries privées au profit d’usines centrales s’appuyant sur de grandes surfaces agricoles. C’est à cette époque que fût créée l’unité sucrière de Grosse-Montagne. Vous pourrez encore apercevoir les vestiges de cette usine qui fut la dernière unité sucrière en activité de la Basse Terre. Pour une plongée dans l’histoire, faites un stop, le long de la D1, secteur Desbonnes, sur la commune de Lamentin.
L’histoire de la sucrerie
La création de la sucrerie
Le complexe de Grosse-Montagne démarre à la fin du XIXè siècle par une distillerie à laquelle Edouard Reimonenq ajoute en 1918 une sucrerie. Planteurs et habitations alentour, Merlande, Caféière, Douillard, y apportent leur récolte et c’est plus de 5 000 tonnes de cannes à sucre par an y sont broyées entre 1925 à 1927.
L’ère Simonet à partir de 1928
Le 28 Janvier 1928, l’entrepreneur martiniquais Charles Simonnet achète le domaine qui est malheureusement ravagé le 12 septembre de la même année par le cyclone meutrier Okeechobee qui fait 1 500 morts sur l’île et 15 000 blessés.
Charles Simonnet reconstruit le domaine et l’usine sur ses fonds personnels. En 1934, sa distillerie fait partie des trois distilleries industrielles de la Guadeloupe qui dépendent de leurs sucreries, lesquelles les approvisionnent en vapeur, vesou, mélasse.
Les planteurs de canne des sections de Montauban, Pierrette, Rozière envoient également leurs récoltes à l’usine Grosse-Montagne. Des 125 hectares en 1928, l’exploitation passe à 525 hectares en 1939. Fin des années 30, l’usine durant la récolte emploie 146 ouvriers tandis que 320 ouvriers travaillent dans les champs. Grosse-Montagne produit alors 823 tonnes de sucre et 1779 hectolitres de rhum.
De l’apogée à sa fermeture en 1995
Grosse-Montagne absorbe en 1952 l’usine de Jaula et son habitation, laquelle devient le domicile de la famille Simonnet, puis le Comté de Sainte-Rose en 1973 et l’usine sucrière de Blanchet en 1979.
Grosse-Montagne regroupe la S.A Grosse-Montagne sucrerie, la SICA Rhumerie de Bellevue et sa distillerie, la SICA Grands Rhums Charles Simonnet et sa chaine d’embouteillage et la vente de rhums.
L’usine broie jusqu’à 250 000 tonnes de canne par an. Grosse-Montagne produit du rhum industriel, exporté en majorité vers la Métropole, des rhums vieux, des rhums traditionnels et des rhums blancs agricoles vendus localement, ainsi que de l’alcool de canne.
Charles Simmonet décède en 1985. Hugo décime de nombreuses plantations de cannes en 1998. La concurrence internationale, des difficultés de gestion, le manque de cannes provoquent hélas la cessation d’activité définitive de l’usine en 1995.
Aujourd’hui … presque dans l’oubli
Les cuvées Charles Simmonet
Depuis que la distillerie a fermé, les collectionneurs, nostalgiques de son heure de gloire, s’arrachent les cuvées :
– Cuvée du Cinquantenaire Charles Simonnet 1969 à la côte de 485 €
– Cuvée du XXème siècle Charles Simonnet 1975 à la côte de 611 €
Une réhabilitation abortée
En 2012, il est envisagé de réhabiliter le site de Grosse-Montagne afin de l’ouvrir au public.
Une opération de nettoyage est organisée par la Deal (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et l’Ademe (Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie). Quelques 75 bénévoles participent à cette opération mais il n’est pas donné suite au projet.
Un site qui attire les photographes
Le site complètement délabré maintenant est dangereux et donc interdit au public. Pour vous replonger dans son histoire, vous pouvez consulter les sites suivants :
Alexcursion
Patrick Rémond (photo à la une)
Val & Titi
Hans Lucas
L’art du regard
Thomas Jorion
Alex Medwedeff
Localisation : 16°13’53 N 61°39’19 W
Repérer l’icône Usine
au bas de la carte