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Semaine 2 : La baleine
Partis tôt de Camaret, nous quittons la mer d’Iroise par une journée ventée. Le Force 3 à 5 annoncé est en fait un Force 6 établi avec des pointes à 7. Le vent, de régime Sud, est en plein dans le nez. Le mal de mer sévit. Nous tirons 2 grands bords. Pendant la nuit, nous traversons pour la seconde fois le rail des cargos. En route de collision avec un cargo, nous devons nous signaler en éclairant nos voiles. Enfin, nous voilà définitivement sortis de ce rail et c’est bien soulageant !
Après 24 h de mer, le constat est désolant : 150 milles parcourus et uniquement 60 dans la bonne direction. Le vent mollissant autorise la mise en marche du moteur. Nous progressons enfin vers l’Espagne ! En fin d’après midi, une trentaine de dauphins d’environ 1 m à 1,20 m viennent nous saluer. Un peu plus tard, nous apercevons le souffle à 2 m de haut d’un rorqual. Puis, l’horizon s’assombrit, des orages, phénomènes impressionnants en mer s’annoncent. Nous verrons des éclairs. Nous éteignons tous nos appareils électriques et débranchons les antennes pour limiter les dégâts en cas de tombée de la foudre. La pluie forte aplanit la mer et réduit la visibilité. Nous contournons les grains.
La vie s’organise à bord : lecture, cuisine, matelotage, sieste. La température de l’eau, sous l’influence du Gulf Stream, a augmenté de 21 à 24°C. Enfin après 4 jours et 3 nuits et près de 40 h de moteur, nous apercevons la tour d’Hercule, phare d’atterrissage de la Corogne. Ce phare romain est le phare en activité le plus vieux du monde !
Semaine 3 : Les rias de Galice
La Galice est la région d’ Espagne située à son extrême Nord-Ouest. Cette région bien connue pour son chemin de pélérinage, qui mène à sa capitale, Saint-Jacques-de-Compostelle, offre de nombreuses possibilités de navigation. Elle comporte 1200 km de côtes sinueuses et accidentées, 750 plages, 45 ports de plaisance et 17 rias.
Nous avons découvert quelques unes de ses rias, vastes estuaires qui pénètrent profondément dans les terres et finissent par perdre leur caractère maritime en naviguant des rias de la côte de la Mort aux basses rias, les plus grandes de Galice qui s’étendent uniformément du sud-ouest au nord-est. Intrigués par les belles éoliennes qui bordent la côte, nous ferons une première halte à Camarinas et partirons en ballade au « parque eolico » pour les examiner de plus près.
Nous dépassons ensuite au moteur et dans le brouillard le Cap Finisterre, extrémité occidentale du continent européen, accompagné par l’assourdissant beuglement de son phare. Peu après, nous percevons un choc. Le moteur immédiatement débrayé, un rapide coup d’œil à l’hélice permet de confirmer l’intuition. Elle est emberlificotée dans des bouts et des sacs en plastique : la pollution espagnole est malheureusement loin d’être légendaire ! Nous rejoignons, à la voile, le port le plus proche, Fisterra, pour une inspection générale en plongée.
Puis nous passerons une nuit à l’île Salvora, une île au caractère breton avec ses roches granitiques, ses marées et son épais brouillard avant d’atteindre la ria de Vigo, la plus belle de Galice. Mouillés à l’ile Ciès, nous profiterons alors de notre meilleure baignade espagnole, sable blond et coquillages, avant de rejoindre Vigo et son port de plaisance, bruyant et sale, en vue d’un approvisionnement conséquent.
Semaine 4 : C’est la rentrée …
Après avoir refait l’approvisionnement en eau, vivres et gasoil, nous sommes prêts à appareiller vers les côtes du Portugal, puis l’archipel de Madère. Nous faisons cap sur la belle baie de Baïona, dernière étape espagnole. Nous y attendons le changement de direction du vent, aujourd’hui Sud Sud-Ouest et dans le nez. Nous n’avons pas du tout envie de revivre des conditions analogues à celles du premier jour de la traversée du golfe de Gascogne. Nous attendons donc 1 jour, 2 jours. Plus le temps passe, moins les conditions sont favorables. Non seulement le vent n’est pas dans la bonne direction mais sa force augmente : avis de grand frais (force 7) puis avis de coup de vent (force 8). Nous sommes maintenant bel et bien contraints d’attendre.
Nous en profitons pour faire la rentrée. Eh oui ! il fallait s’y attendre, c’est de saison … Nous sortons avec une semaine d’avance les cours du CNED, livres de lecture, agendas, manuels, guides corrigés, fiches d’évaluation. Entre deux cours, nous visitons une reproduction grandeur nature de la « Pinta », une des trois caravelles de la première expédition de Christophe Colomb, qui a atterri à Baïona à son retour des Indes. Rustique, la navigation en 1492 !
Nous profitons d’une petite fenêtre météo d’une dizaine d’heures pour nous échapper. Adios Spania et viva Portugal !